De tous les modes de transport, l’aérien est celui dont les incidences climatiques sont les plus élevées. Jusqu’à présent, les réductions de consommation de carburant liées aux modèles des avions et à leurs trajectoires de vols n’ont pas produit d’effets réels car elles ont été plus que compensées par une augmentation du trafic aérien. Les initiatives entreprises dans le cadre des aéroports « durables » (électrification des véhicules au sol, économie d’énergie dans les terminaux, etc.) ne représentent qu’une partie très limitée des efforts nécessaires pour décarboner le secteur. En outre, les possibilités techniques de remplacement des carburants fossiles utilisés pour le transport aérien par des alternatives plus respectueuses de l’environnement demeurent limitées :
- les e-fuels (carburants synthétiques) n’ont de sens que s’ils sont produits en utilisant de l’énergie renouvelable. Or, la quantité d’énergie nécessaire aujourd’hui pour faire voler des avions en utilisant ce type de carburants et de procédés est trop importante par rapport aux énergies renouvelables disponibles ;
- les agrocarburants de seconde génération semblent offrir une alternative crédible, mais leur durabilité ne peut raisonnablement être garantie que pour des volumes très limités.
Dans une logique de réponse proportionnée au défi des changements climatiques, le secteur doit donc entrer en décroissance.
Guider le secteur vers la transition
La distorsion de concurrence dont bénéficie le transport aérien (et notamment l’absence de TVA et de taxation sur le kérosène, ainsi qu’une taxe trop faible sur les billets d’avion) handicape le développement d’alternatives moins impactantes sur le plan climatique et environnemental (telles que le transport ferroviaire et en bus).
Ainsi, nous demandons que le Gouvernement prenne les mesures suivantes :
a) Geler le développement des infrastructures et des activités aéroportuaires, afin d’éviter que le secteur ne se développe davantage.
b) Prendre des mesures visant à une réduction progressive du nombre de vols au départ des aéroports wallons, en visant
particulièrement les vols les plus impactants sur le climat, l’environnement et la santé. Les vols de nuit, les vols de longue distance et les effets « non CO2 » de la combustion du carburant doivent faire l’objet d’une attention particulière dans ce cadre.
c) Cesser de subventionner le développement du secteur et appuyer toute initiative de taxation ambitieuse (kérosène, billet, fret, ETS), tant au niveau fédéral qu’au niveau européen, permettant de rétablir la compétitivité des prix d’autres moyens de transports par rapport à ceux du transport en avion. L’effet de ces taxes sur le comportement des consommateurs doit faire l’objet d’un monitoring et le niveau de taxation doit être adapté si nécessaire pour aboutir à une réduction de la demande en matière de transport aérien.
Accompagner les travailleur·euse·s du secteur aérien
Pour compenser les implications économiques et sociales de la nécessaire restriction du transport en avion, nous plaidons en outre pour que le Gouvernement :
a) Investisse dans la transition professionnelle des travailleur·euse·s du secteur aérien vers d’autres emplois plus « durables » (c’est-à-dire dans des secteurs ayant moins d’incidences négatives sur le climat et l’environnement) ;
b) Soutienne une étude permettant d’analyser les solutions en matière de taxation ou autre (par exemple l’instauration de quotas) permettant de combattre l’injustice socioéconomique caractérisant l’accès aux voyages en avion.
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