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5.3 Une approche pragmatique mais ambitieuse pour le chauffage

L’importance absolue de réduire rapidement la consommation d’énergie des bâtiments ressort de toute discussion sur le chauffage et doit demeurer la priorité des autorités. La réduction de la consommation est à viser via le double levier de l’isolation thermique (voir plus haut) et des modifications dans les habitudes de chauffage (slow heat). Ensuite, les besoins de chauffage restants doivent provenir de ressources décarbonées et durables.

La modification des habitudes de chauffage nécessite des actions de sensibilisation citoyennes et une formation spécifique pour les professionnels du chauffage, dont la culture reste orientée vers l’uniformisation des températures (pratique coûteuse et énergivore) et bien trop peu vers les économies d’énergie.

Par ailleurs, dans la situation budgétaire de la Wallonie, les autorités doivent privilégier l’outil réglementaire pour soutenir une chaleur renouvelable et durable dans le bâti. A ce stade, une approche pragmatique et ciblée en fonction des caractéristiques du bâti doit 

prévaloir pour déterminer le moyen de chauffage idéal à privilégier.

A) Soutenir les initiatives visant à modifier les pratiques de chauffage vers le slow heat1, en particulier dans le secteur résidentiel. En ciblant mieux les apports de chauffage (réchauffer les personnes et non les bâtiments entiers), il est possible de vivre bien tout en réduisant fortement les besoins énergétiques (de 25 à 75 % d’énergie consommées en moins). Cela nécessite de sensibiliser les citoyen·ne·s et de former les professionnels du chauffage vers une gestion plus précise de l’énergie dans l’espace et dans le temps. La température générale du bâtiment est légèrement réduite, mais des sources de chaleur locales sont utilisées (dossier chauffant, bouillotte, etc.).

B) Dès 2024 éviter/interdire le placement de nouvelles chaudières à mazout à moins qu’il soit évident (bâtiment historique) qu’une alternative n’est pas possible. Les immeubles chauffés au mazout doivent être priorisés en matière de rénovation.

C) Le gaz vert limité en quantité ne doit pas être utilisé pour le chauffage résidentiel. Le gaz naturel doit progressivement reculer et disparaître, mais plus progressivement que le mazout.

D) Mettre en place des assises de la chaleur résidentielle avec les organisations et acteurs de lutte contre la pauvreté, chargées de proposer un cahier des charges de mesures d’accompagnement pour les ménages précarisés et de la classe moyenne inférieure, nécessaires pour encadrer la sortie des chaudières fossiles.

E) Les pompes à chaleur constituent la voie majeure pour le chauffage résidentiel et tertiaire, sans doute la principale pour aller vers un bâti climatiquement neutre et ce pour de nombreuses raisons dont surtout : leur rendement et la prépondérance de l’électricité renouvelable. Elles conviennent le mieux pour les bâtiments qui ont une isolation thermique suffisante.

  • Nous préconisons donc une obligation d’installation pour les nouvelles constructions.
  • Parallèlement, les leviers tarifaires à disposition du gouvernement (surcharges régionales, politiques tarifaires à la CWAPE) doivent veiller à ce que les PACs soient économiquement plus attractives que les solutions de chauffage fossile.
  • Un pilotage horaire des PAC doit être promu pour favoriser l’autoconsommation, diminuer les risques de congestion des réseaux notamment au travers des politiques tarifaires.

F) En complément et dans certaines régions le chauffage biomasse efficace dont surtout les pellets peut jouer un rôle (en chauffage principal ou en complément), en particulier dans les zones non urbaines et à condition d’être issu d’une exploitation durable des forêts. Aujourd’hui la moitié du pellet utilisé en Wallonie a une origine douteuse en termes de gestion durable des forêts.

G) Étant donné son impact sur la pollution de l’air et malgré ses avantages en termes de résilience, le bois bûche ne doit pas être soutenu par les autorités.

H) Les réseaux de chaleur représentent un potentiel sous-estimé en Wallonie. La stratégie réseau de chaleur de mars 2021 identifie des potentiels en chaleur fatal à utiliser. Les projets développés dans certaines villes comme Charleroi doivent servir de base à un catalogue des bonnes pratiques en matière de financement, de réglementation et d’utilisation.

EN SAVOIR PLUS 

  1. Les résultats du projet de recherche et de l’expérimentation citoyenne « slow heat » sont particulièrement encourageants : https://www.slowheat.org