La parcimonie est primordiale si l’on veut continuer à offrir des espaces aux entreprises. Le ratio d’emplois à l’hectare reste peu performant en Wallonie, malgré une attention accrue exprimée par les opérateurs. Par ailleurs, il est urgent d’assurer une plus grande cohérence entre la politique économique et les politiques de mobilité et d’aménagement du territoire.
La Région Wallonne doit à ce titre assumer son rôle de chef d’orchestre et adopter une stratégie régionale de développement des Parcs d’activités économiques (PAE) : à l’heure actuelle, l’offre est dispersée sur le territoire et ce sont les opérateurs qui ponctuellement mettent en œuvre la création d’un PAE, sans vision stratégique globale. La mise à disposition d’un état des lieux de l’offre disponible est indispensable, de même que sa mise à jour en temps réel – comme le recommande la Cour des Comptes dans son rapport “Les parcs d’activités économiques en Région wallonne” (mars 2023). En outre, la Région doit adopter une méthode d’évaluation périodique des besoins. Le gouvernement doit élaborer une stratégie régionale de développement des parcs d’activités économiques et veiller à ce que les programmations pluriannuelles des opérateurs s’inscrivent dans cette stratégie.
Enfin, il nous parait essentiel que le mode de subventionnement des opérateurs et intercommunales en charge de la création de PAE soit revu pour donner la priorité aux projets de réhabilitation et rendre plus transparente et rationnelle l’utilisation des deniers publics.
A) Redéfinir les objectifs poursuivis par la création des PAE, en particulier le ciblage des entreprises qui s’y installent. 93 % de ces parcs sont occupés par de petites entreprises ou très petites entreprises. Les PAE devraient être réservés aux entreprises et activités industrielles qui nécessitent une mise à distance par rapport aux fonctions résidentielles afin de temporiser les nuisances (bruit, odeur, charroi lourd, etc.) qu’elles occasionnent.
B) Mettre en place deux inventaires pour renforcer le suivi et la planification de la politique : un inventaire des terrains occupés et disponibles pour l’activité économique et un inventaire des entités
actuellement implantées dans les PAE et zones portuaires et améliorer la visibilité de l’offre de biens immobiliers à destination économique (terrains, bâtiments) pour les candidats investisseurs.
C) Doter les opérateurs d’outils juridiques qui facilitent la récupération foncière de biens immobiliers inoccupés.
D) Ne plus autoriser la création ou l’extension de PAE quand les conditions préalables de mobilité suivantes ne sont pas remplies:
- l’accès efficace aux réseaux (personnes et marchandises) est assuré;l’offre en transports en commun est suffisante (fréquence, amplitude horaire);la mobilité active est intégrée au sein du PAE.
E) Inscrire dans les missions de la NEWCO et des IDE la gestion parcimonieuse du territoire et orienter les financements vers :
- prioritairement, l’entretien, la rénovation et la réhabilitation des ZAE existantes ;
- la valorisation des sites à réaménager enclavés dans les centralités pour y développer des activités économiques compatibles avec les fonctions de résidence et produisant peu d’externalités négatives (charroi, qualité de l’air, bruit, etc.) ;
- la mise en place des services mutualisés entre entreprises (mobilité, gestion des déchets, symbiose industrielle), en particulier dans les PAE existants composés de petites et très petites entreprises qui ne comptent pas en leur sein de conseiller en mobilité, en environnement, etc.
F) Développer la mitoyenneté et la mutualisation des espaces dans la conception et la rénovation des parcs d’activités.
G) Imposer la construction de bâtiments réversibles, démontables et réutilisables au sein des parcs d’activités économiques en vue de permettre leur transformation en cas de changement d’usage ou besoin d’agrandissement.