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13.2 Participation citoyenne

Soutenir une participation efficiente de la société civile et des citoyens et renforcer la collaboration

Principes de base

Les approches participatives pourront faire évoluer positivement la démocratie si elles répondent à plusieurs conditions indispensables.

Rechercher l’inclusion de tou·te·s et la diversité des regards en incluant tous les types de publics et ce, de façon systématique. Il est en effet indispensable de ne pas reproduire les inégalités vécues en démocratie représentative en marginalisant encore plus celleux qui le sont déjà. Écouter les personnes qui ne s’expriment pas dans les urnes est un enjeu essentiel.

Veiller à la qualité de l’ingénierie participative. Une participation de qualité nécessite des moyens et nécessite de s’appuyer sur des personnes qui ont des compétences pour concevoir, animer et accompagner des processus participatifs sur des enjeux complexes. Les citoyen·ne·s doivent être informé·e·s sur la vision des enjeux de manière systémique et en toute transparence. Il·elle·s doivent être outillé·e·s et accompagné·e·s, afin d’oser s’exprimer, de formuler des propositions pertinentes et d’avoir envie de s’engager.

Laisser de la place dans les dispositifs de participation à la controverse et aux désaccords entre les participant·e·s et ne pas chercher à gommer ces désaccords lors de la communication. 

La friction des arguments et des positions diverses libère une énergie considérable qui, si elle est habilement gérée, est créative et productive. En outre, la libre expression de revendications concurrentes et contestées dans un environnement structuré réduit la probabilité de confrontation en dehors de celui-ci.

Transformer l’action publique en s’appuyant sur les résultats de la participation pour les traduire en actions. Il est indispensable que les autorités fassent participer les citoyen·ne·s sur des décisions qui n’ont pas déjà fait l’objet d’un arbitrage préalable. Même si la décision reste dans les mains des élu·e·s, la parole des citoyen·ne·s participant·e·s doit pouvoir compter. Ce qui nécessite pour les élu·e·s d’être ouvert·e·s à la contradiction et à l’innovation et de chercher conjointement avec les administrations à lever les éventuels obstacles techniques, financiers ou juridiques. Les autorités doivent également assurer un suivi des décisions auprès des participant·e·s et justifier leurs choix.

Intégrer le citoyen en amont et assurer un suivi des dispositifs participatifs. Par exemple en Donner la possibilité de choisir les thèmes à mettre en débat, donner un caractère permanent aux dispositifs participatifs, assurer e suivi des décisions auprès des participant·e·s et justifier leurs choix sont autant de moyens pour concrétiser ce principe.

Développer les assemblées, panels de citoyen·ne·s tiré·e·s au sort

Les assemblées citoyennes sont composées de citoyen·ne·s tiré·e·s au sort – microcosme de la communauté dont il·elle·s sont issu·e·s – produisent des décisions publiques judicieuses sur des enjeux complexes en s’appuyant sur une ingénierie participative adéquate. Les assemblées citoyennes sont indispensables pour revitaliser la démocratie, regagner la confiance du public, résoudre des questions politiques complexes sans manipulation partisane, et désamorcer des tensions entre des citoyen·ne·s polarisé·e·s. Ces types d’assemblées ont fait leur preuve partout dans le monde et en particulier en Communauté germanophone.

Concrètement,

a) institutionnaliser et encadrer un dispositif permanent d’assemblée citoyenne tirées au sort, adossée au Parlement wallon. Cette assemblée pourra remettre des avis sur des sujets controversés ou prioritaires pour une majorité de citoyen·ne·s. Elle pourra également évaluer les politiques publiques mises en place, les budgets de la Région, voire les meilleur·e·s candidat·e·s pour une fonction publique, etc. ;

b) en attendant qu’elle soit mise en place, organiser et encourager les panels citoyens tirés au sort sur des sujets controversés ou prioritaires.

Légitimer les assemblées citoyennes auprès de tou·te·s les citoyen·ne·s

Un des critiques parfois émises est que les assemblées ne concernent par définition que des mini-publics. Il est indispensable de renforcer la légitimité de ces processus participatifs auprès du plus grand nombre. Pour y parvenir, par exemple,

a) organiser des consultations populaires sous forme de préférendum, dispositif permettant de mesurer le pourcentage d’adhésion de la société aux mesures préconisées par les assemblées citoyennes.

b) Soutenir une réforme constitutionnelle autorisant les référendums/préférendums décisionnels actuellement interdits en Belgique ;

c) organiser des processus d’échanges et de consultation en ligne, par téléphone, via des blogs, ouverts à tout·e citoyen·ne qui souhaite exprimer son opinion des consultations, des échanges en amont et sur les résultats des assemblées citoyennes ;

d) collaborer avec les médias pour faire connaître les processus avant, pendant et après les délibérations citoyennes.

Faciliter la participation de tou·te·s les citoyen·ne·s

Pour ne pas renforcer les inégalités existantes dans nos démocraties représentatives, il est important de chercher à inclure tous les types de publics concernés par les enjeux traités.

Pour y parvenir, par exemple,

a) Organiser des congés citoyens afin de faciliter la participation à des dispositifs participatifs (assemblées citoyennes, panels citoyens, enquêtes publiques etc.)

b) Organiser les consultations en allant sur les lieux de vie des gens, s’assurer d’avoir de larges plages horaires

c) Offrir des incitants tels que des services de traduction et de babysitting et des jetons de présence, etc.

d) Augmenter les délais pour permettre aux citoyen·ne·s de répondre dans le cadre des enquêtes publiques

Développer une culture de la démocratie participative, de la collaboration etde lapproche systémique

Notre société aujourd’hui a tendance à exacerber l’individualisme, la compétition, voire la polarisation des points de vue. Il est urgent de développer une culture de la participation et du dialogue et de soutenir l’approche systémique, l’intelligence collective tout en développant l’esprit critique. Pour y parvenir :

a) Intégrer les jeunes dès le plus jeune âge et les mettre en action dans des processus participatifs et collaboratifs et les former à la citoyenneté ;

b) Former les enseignants dès leur formation initiale ou lors de formations continues à ces problématiques ;

c) former les agent·e·s administratif·ve·s et les élu·e·s à la participation et à l’approche systémique : les outils, les postures à adopter pour favoriser la collaboration, et l’intelligence collective, les biais qui empêchent celle-ci, etc. ;

d) installer une cellule de facilitation au sein de l’administration wallonne pour soutenir les fonctionnaires dans leur processus participatifs avec la société civile et les citoyen·ne·s ;

e) soutenir les approches systémiques et collaboratives multiacteur·rice·s innovantes comme les social labs, plateforme d’innovation sociale où des personnes concernées aux profils variés, recherchent ensemble les causes profondes de ce qui ne fonctionne pas dans le système et collaborent pour élaborer et tester, dans le monde réel, des solutions aux problématiques identifiées ;

f) favoriser les espaces d’échanges et de dialogue avec et entre les citoyen·ne·s.